La Communauté internationale baha'ie compte en Afrique 44 membres nationaux affiliés, avec plus de 5000 communautés de base. Les Bahá'ís se consacrent à l'amélioration de la vie collective de toute la planète et, dans cette optique, les responsabilités sont à la fois collectives (institutionnelles) et individuelles. D'une part, les conseils Bahá'ís nationaux et locaux sont responsables, en tant qu'institutions baha'ies, du bien-être de toute la communauté et pas seulement de celui des Bahá'ís. D'autre part, les Bahá'ís considèrent que le travail effectué par un individu dans l'esprit de servir la communauté est une forme de prière. Ce cadre de responsabilités institutionnelles et individuelles est fondé sur certains principes parmi lesquels on peut citer: l'égalité des hommes et des femmes, la nécessité de rechercher la vérité d'une manière indépendante, la place primordiale réservée à l'éducation et l'importance de l'agriculture pour la société. L'approche baha'ie au développement social et économique compte au moins trois composantes que l'on verra apparaître dans les deux projets présentés ci-dessous: 1/ La pratique de l'art de la consultation, 2/ la rectitude de conduite, individuelle et collective, 3/ la résolution des problèmes par l'application de principes spirituels. D'après les Ecrits Bahá'ís, les efforts pour mettre ces principes en pratique conduiront à l'autonomie, à la confiance en soi et à l'accroissement de l'honneur et de la dignité de la communauté.
Deux projets, ainsi que les leçons qu'on peut d'ores et déjà en tirer, vont permettre à la Communauté internationale baha'ie de démontrer l'efficacité de cette approche au développement. Le premier, situé au Cameroun, veut encourager la transformation des valeurs communautaires en enseignant aux participants l'usage des outils d'analyse tels que les groupes de recherche, les techniques d'interview, les sondages de la communauté pour identifier les problèmes, la consultation comme outil pour les analyser et les moyens de présentation traditionnels comme manière rassurante de générer, dans toute la communauté, un dialogue qui peut conduire à des solutions. Le second projet est la fondation Masetha en Zambie qui allie l'enrichissement spirituel à la formation dans les domaines des soins de santé élémentaires, de l'alphabétisation et de l'agriculture. On a récemment ajouté à ce projet une école secondaire pour filles des zones rurales, dans laquelle une part primordiale est donnée aux sciences et à l'agriculture. Ces deux projets insistent, d'une part, sur le développement des ressources humaines des individus et, d'autre part, sur la capacité des institutions à soutenir le travail du développement. S'il est vrai que les deux projets s'appuient sur l'infrastructure des institutions et l'engagement de la communauté baha'ie, ils sont néanmoins ouverts à tous et servent la communauté dans son ensemble.
Les moyens traditionnels comme agents de changement, Cameroun.
ButLe projet intitulé "les moyens traditionnels comme agents du changement" avait pour but d'élever le niveau des femmes dans les communautés sélectionnées grâce à des stratégies impliquant les hommes. En effet, plutôt que d'ignorer complètement les hommes ou de supposer qu'ils ne peuvent pas ou ne veulent pas changer, ce projet affirma audacieusement le prémisse exposé dans les Ecrits Bahá'ís assurant que l'amélioration de la condition féminine bénéficiera à tous. Les concepteurs du projet décidèrent donc de tenter de modifier les valeurs communautaires de deux manières: 1/ en impliquant les hommes et les femmes dans un partenariat pour identifier les problèmes communautaires associés à la mauvaise condition de la femme et 2/ en encourageant, par l'usage des moyens traditionnels, la discussion en commun de ces problèmes. Le projet fut conçu par la Communauté internationale baha'ie et appliqué dans certains pays sur trois des continents grâce à des fonds de l'UNIFEM.
ActivitésEn travaillant, dans des communautés volontaires au Cameroun, avec les conseils Bahá'ís élus, les animateurs facilitèrent les processus suivants:
Rassembler les informations: les participants au projet apprirent à utiliser des outils comme les groupes de recherche, les techniques d'interview, et les enquêtes communautaires, pour rassembler des informations sur la situation des femmes et identifier ainsi les problèmes de leur propre communauté qui ont un rapport avec cet état de fait.
Analyser les informations: en se servant du processus de la consultation comme base, les participants analysèrent ces informations à la lumière de certains principes tels que l'égalité des hommes et des femmes, le pouvoir de l'exemple, l'unité de but, l'engagement et l'esprit de service.
Stimuler, dans la communauté, la plus large discussion possible: l'analyse des résultats et les recommandations furent partagées avec la communauté dans son ensemble par l'intermédiaire de moyens traditionnels tels que le théâtre, les chants et la danse. Les messages communiqués de cette manière sont pris très sérieusement par les communautés analphabètes et ils offrent une ouverture rassurante pour le dialogue de toute la communauté.
Impact sur le développement localA l'origine, le projet ne cherchait qu'à sensibiliser les institutions locales et à développer leurs capacités. Mais les résultats dépassèrent toutes les espérances.
Informations obtenues: les participants identifièrent comme problèmes principaux pour les femmes: le manque d'éducation, les hommes dominateurs, le partage inégal du travail entre hommes et femmes, la mauvaise gestion des finances du foyer par les hommes (qui ne consultent pas leurs femmes). Cette liste fut la même dans chaque village du projet au Cameroun (tout comme en Malaisie et en Bolivie où ce projet fut aussi appliqué).
Relations entre les participants: les sondages qualitatifs effectués indiquent que maris et femmes se consultent plus souvent, de sorte que les hommes donnent plus d'argent à leur famille et en dépensent moins pour eux-mêmes; une nette diminution de l'abus d'alcool et de la violence domestique; dans la plupart des régions, le pourcentage des filles inscrites à l'école est passé de 6 ou 7% à près de 100% et des preuves de changements profonds sont apparus dans les schémas de travail alors que les hommes commencèrent à effectuer certaines des tâches que seules les femmes faisaient avant, aussi bien au foyer que dans les champs.
Consolidation des capacités: les communautés locales furent capables de se servir de l'expérience acquise dans la planification, dans la consultation, dans la mise en pratique et dans l'évaluation des résultats pour d'autres activités, démontrant ainsi que les instruments acquis au cours du programme des femmes ont une application plus générale et peuvent servir à résoudre d'autres problèmes dans d'autres secteurs.
Suivi: nous sommes en train de quantifier les résultats. Des informations sur les comportements des habitants de trois villages impliqués dans le projet, comparés à ceux de trois villages témoins non impliqués, sont réunies. Pour ce faire, les participants au projet interrogèrent eux-mêmes 50 couples dans chaque village - les hommes interrogeant les hommes, et les femmes, les femmes. Les réponses sont en train d'être analysées.
Quelques-unes des leçons apprisesLe concept d'un projet qui n'a pas de retombées matérielles immédiates est difficile à saisir au premier abord. Pourtant, la perplexité initiale peut être dépassée si les animateurs du projet font ressortir les bénéfices qui seront retirés de l'apprentissage des techniques de base, et s'ils offrent une aide en rapport avec les besoins, notamment des visites régulières.
Les communautés peuvent, et doivent, être des partenaires actifs du changement et ne pas se contenter de recevoir de l'aide. Le ressort du projet était la participation collective: non seulement une modification des activités et des attitudes, mais une remise en question complète des valeurs de la communauté. Cette remise en question des valeurs traditionnelles par l'ensemble de la communauté, lui permet, dans son ensemble, d'accepter ces nouvelles valeurs et de les intégrer lentement comme nonnes de sa vie sociale.
De nouvelles valeurs impliquent une nouvelle vision des choses. Lorsqu'une communauté et, dans celle-ci, plus particulièrement les hommes - commence à voir que son bonheur et son bien-être dépendent du bonheur et du bien-être des femmes, le développement réel de cette communauté peut alors commencer. En d'autres mots, le changement ne devient durable que si les normes sociales se transforment.
La participation des femmes aux prise de décisions augmentent d'autant plus vite que les hommes sont plus impliqués dans le processus. Le Rapport des Nations Unies sur le développement de 1995 place à 30% le seuil critique de la participation féminine dans les prises de décision. Il semble qu'à partir de ce niveau, toute organisation connaît une transformation fondamentale. Mais le rapport indique aussi que cette proportion est rarement atteinte. Notre projet montre que ce seuil est atteint plus vite si les hommes, au lieu d'en être exclus ou ignorés, sont impliqués comme partenaires dans un mouvement unifié pour atteindre à l'égalité des sexes.
Nous avons tous du mal à changer d'habitudes, il est donc prudent de s'attendre à de la résistance, de la part des hommes comme des femmes. Certes, "partenariat" est un terme à la mode, mais en réalité, beaucoup de femmes n'éprouvent aucun intérêt à travailler avec les hommes et beaucoup d'hommes ne croient pas vraiment à l'égalité des sexes.
Les normes sociales sont plus fortes que les valeurs individuelles. Des deux projets (au Cameroun et en Zambie), il ressort que les normes sociales et la force de la culture du groupe sont des variables cruciales dans la transformation des attitudes et des comportements. Les deux projets montrent que changer la vision des choses et le rôle des sexes au niveau du foyer familial peut être extrêmement difficile. Pourtant, si les valeurs institutionnelles favorisent l'égalité des sexes, les hommes comme les femmes deviennent alors capables de mettre en pratique de nouvelles attitudes qui conduiront peu à peu à une transformation de l'attitude et du comportement qu'on pourra observer ensuite dans d'autres environnements. Les institutions et les organisations de la communauté (qu'elles soient éducatives, religieuses ou législatives) qui s'impliquent activement dans la promotion de l'égalité des sexes deviennent ainsi les clés d'une transformation durable des attitudes et du comportement.
Le développement de la capacité institutionnelle est vital pour soutenir d'une manière durable les efforts de développement. Nous prévoyons que les capacités institutionnelles de la communauté baha'ie du Cameroun devraient progresser à travers la création d'un institut de formation. Comme c'est déjà le cas à la Fondation Masetlha, l'évolution du comité de développement devrait permettre à cette communauté de s'engager peu à peu, par la réflexion et l'action, dans un grand choix d'initiatives qui participeront à l'intégration des diverses actions pour le progrès des individus et des villages du pays. Ainsi, les deux projets illustrent les éléments nécessaires à une activité durable dans le futur: le développement des ressources humaines et des capacités institutionnelles avec pour but de donner aux gens du village la faculté de participer à leur propre développement et à le diriger.
La Fondation William Mmutle Masetlha, en ZambieLa Fondation William Mmutle Masetlha est une association à but non-lucratif, située en Zambie centrale. Son rôle est de développer une approche spirituelle au développement économique et social qui encourage les gens à se développer et à devenir autonomes. La Fondation Masetlha fut créée en 1995 par le Conseil directeur Bahá'í de Zambie pour surveiller l'Institut William Mmutle Masetlha (fondé en octobre 19 83) et l'École Banani, une école secondaire pour filles de milieu rural (ouverte en janvier 1993). Cette fondation est la plus récente étape d'un processus de développement durable qui fut lancé par la base, entretenu au niveau national et financé par des agences gouvernementales ainsi que par des organisations de la société civile?
L'institut William Mmutle MasetlhaL'institut allie un programme d'enrichissement spirituel à un apprentissage pratique pour des volontaires, dans une grande variété de métiers que ce soit dans l'agriculture, la santé, l'instruction, l'éducation des enfants, l'apprentissage de la lecture et du calcul. L'enrichissement spirituel cherche à développer les ressources renouvelables de l'âme humaine: l'enthousiasme, le dévouement, la créativité et l'esprit de service, ainsi que les exercices pratiques qui conduisent à l'autonomie. L'implication active des femmes est un des points importants de tout l'apprentissage et du travail sur le terrain. L'Institut offre une grande diversité de cours. Par exemple, un des cours proposé depuis 1985 est un programme de quatre mois sur le développement spirituel et l'apprentissage agricole. Il consiste en quatre heures par jour de cours et de travaux pratiques dans les villages. Deux des projets particuliers de l'Institut sont le Programme Bahá'í d'alphabétisation et le Programme Bahá'í de Zambie pour les soins médicaux élémentaires.
Le Programme Bahá'í d'alphabétisation a pour but d'aider les Bahá'ís de Zambie à atteindre l'alphabétisation totale et à renforcer les communautés baha'ies par deux moyens: 1/ en développant une méthode baha'ie d'approche de l'éducation à la lecture qui réaliserait à la fois une alphabétisation fonctionnelle et un renforcement spirituel; 2/ en formant des enseignants volontaires provenant à la fois de la communauté baha'ie et de la population dans son ensemble, afin d'offrir des classes d'études dans les villages où l'analphabétisme atteint jusqu'à 60%. La méthode choisie est basée sur la participation, diminuant le rôle des organisateurs et mettant en avant les gens peu éduqués pour étudier en groupes et développer une réflexion indépendante.
Le Programme Bahá'í de soins médicaux élémentaires, lancé en août 1993, veut aider le gouvernement zambien à atteindre le but de "la santé pour tous en l'an 2 000" au moyen de l'éducation sanitaire élémentaire, suivant quatre axes: 1 / sélectionner et former des volontaires pour en faire des Éducateurs hygiénistes de communauté; 2/ aider ces Éducateurs à lancer des activités de santé pour éduquer leurs communautés sur l'hygiène élémentaires, la nutrition et la prévention des maladies (en insistant sur le sida et la malaria); 3/ augmenter les zones d'immunisation et 4/ intégrer les soins médicaux élémentaires dans un programme plus vaste de formation dans le domaine du développement. Ce programme s'occupe aussi de la formation de ceux qui forment les Éducateurs. Il organise des réunions de Comité de santé du village et offre des cours de remise à niveau pour les Éducateurs hygiénistes de communauté. L'Institut forme aussi depuis 1987 des Travailleurs sanitaire de communauté.
Le Lycée international BanáníLe Lycée international Banání, situé dans le district de Chisamba, est un internat pour jeunes femmes tourné vers la science et l'agriculture. Établi par l'Institut Masetlha et ouverte aux filles des zones rurales, l'école a adopté le programme des examens de l'Université de Cambridge qui donne aux étudiants en fin d'étude un certificat international de fin d'études secondaires. Les cours sont actuellement: l'anglais en deuxième langue, le français, les mathématiques, la géographie, l'histoire, la littérature anglaise, l'agriculture, la biologie, la chimie et la physique. Il faut y ajouter deux cours sur les religions du monde et le développement du caractère. L'élément essentiel de la formation morale dispensée par l'école est un programme organisé pour servir la communauté. L'école compte une équipe enseignante de onze membres venant de six pays différents. Des bourses d'études pour étudiants dans le besoin sont proposées depuis 1993.
Impact sur le développement localInformations obtenues: le projet d'alphabétisation suit une méthodologie participative développée en Colombie. Les textes nécessaires sont produits et traduits dans les langues locales et un livret a déjà été publié. Une autre source d'information est produit par les volontaires sur le terrain. Le projet médical montre, malgré le peu de suivi (problèmes de distances et d'accès), qu'environ 75% des personnes formées sont toujours en activité. C'est une preuve du développement des capacités des individus à poursuivre leurs activités par eux-mêmes, sans avoir besoin de quelqu'un pour les pousser.
Volontaires formés: des volontaires en grand nombre, dont beaucoup de femmes, ont été formés. Ainsi, le projet d'alphabétisation a formé 41 éducateurs de CARE International et de DAPP qui s'occupent chacun d'une classe d'une vingtaine de personnes, ce qui fait environ 800 élèves. Par ailleurs, quelques 40 éducateurs Bahá'ís ont dirigé des classes, sous la responsabilité des communautés baha'ies locales, pour encore plus de 800 autres personnes. Les Bahá'ís encouragent les jeunes à passer une année au service des autres et, à l'issue de deux séances d'entraînement intitulées "Année de Service des Jeunes", 50 jeunes d'Afrique du Sud sont venus se mettre au service des communautés de Zambie et de la région. Plus de 150 volontaires pour le Programme des Travailleurs sanitaires de base et 93 volontaires pour le Projet d'éducateurs pour l'hygiène de la communauté furent aussi formés. Enfin, 78% des Éducateurs ont, d'après leurs rapports, tenus des activités d'apprentissage de l'hygiène dans leurs communautés.
Relations entre les participants: environ la moitié de toutes les personnes formées sont des femmes (ce qui est déjà une réussite) dont beaucoup proviennent de l'ensemble de la communauté. Les femmes, très efficaces dans leurs rôles de travailleurs ou d'éducateurs, gagnent ainsi le respect de leur communauté. Renforcement des capacités: les services médico-sociaux manquent de personnel. C'est pourquoi les volontaires formés par les ONG jouent un rôle important dans les domaines préventif et curatif de la santé. Un certain nombre d'éducateurs travaillent avec leur clinique locale, soit comme volontaires soit comme employés. Les rapports indiquent qu'ils sont très efficaces. L'école des filles, qui, à son ouverture en janvier 1993 comptait 58 élèves, en comptait en 1994 plus de 90.
Relations avec les partenaires dans le développement: les relations avec les Ministères zambiens de la Santé et du Développement communautaire sont très bonnes. Ces administrations ont soutenu l'équipe de l'Institut. Plusieurs ministres de la Santé et de nombreux officiels du Ministère du Développement communautaire ont loué le travail de formation accompli à l'Institut, travail reconnu par plusieurs ONG. Les gens des Ministères disent tous que les éducateurs et les travailleurs "Bahá'ís" sont excellents et très consciencieux.
Financement: en général, les programmes de développement Bahá'ís ont très peu de frais généraux comparés à d'autres organisations ou même au gouvernement. Tous travaillent volontairement sur le terrain. Les employés de l'Institut acceptent des salaires modestes. L'intégrité personnelle étant une des valeurs essentielles primordiale, chacun est responsable de l'argent qu'il manipule quelle que soit son origine. Les programmes de l'Institut touchent presque toute la Zambie puisque nous travaillons à partir du réseau des communautés baha'ies sans lesquelles les projets ne pourraient qu'être limités géographiquement. Ce réseau permet de sélectionner et d'inviter les personnes à former sans grand investissement de temps ou d'argent de la part de l'Institut. Des lettres sont envoyées aux conseils locaux Bahá'ís qui décident qui participera à la formation.
Quelques-unes des leçons apprisesEncourager la participation de toutes les femmes demande de la patience et de la Persévérance. Pour contrer les habitudes tenaces qui ont tendance à les replacer dans leurs rôles traditionnels lorsqu'ils retournent dans leur village, les hommes comme les femmes ont besoin de participer souvent à des discussions régulières, avec des éducateurs médicaux et des enseignants, sur la nécessité d'améliorer l'égalité des sexes.
Former les femmes à devenir des Éducatrices-Hygiénistes élève leur rang dans la communauté. Avoir été choisies par la communauté pour suivre l'apprentissage, puis devenir connue comme "L'Éducatrice hygiéniste communautaire", donnent à beaucoup de femmes confiance et respect de soi. Cela leur permet de participer à tous les événements de leur communauté et de faire bouger les choses dans d'autres domaines. Malheureusement tout cela va lentement et pas encore assez de femmes ont pu acquérir ce statut.
Les normes sociales sont très fortes. Nous avons remarqué que le progrès vers l'égalité des sexes est plus rapide à l'Institut qu'au village. Il faut donc travailler plus au village même. Beaucoup de femmes sont capables de parler en public et de participer sur un plan d'égalité avec les hommes aux sessions d'apprentissage, et les hommes semblent vouloir vivre une culture plus équitable dans le cadre de l'Institut. C'est d'ailleurs une des raisons importantes qui nous pousse à sortir les gens de leurs villages pour l'apprentissage car à l'Institut il est possible de créer une culture nouvelle, même si elle est temporaire.
Une morale orientée vers l'idée de servir les autres produit des travailleurs bien meilleurs. L'empressement des Bahá'ís à se porter volontaires et la grande qualité des Éducateurs ne sont pas surprenants car, par leur formation et leur vie communautaire baha'ies, ils sont encouragés à travailler et à se rendre utiles d'une manière désintéressée.
Les relations avec les donateurs sont parfois difficiles. Le flot d'argent est souvent irrégulier et les institutions baha'ies n'ont pas l'expérience de gérer ces dons. L'association canadienne de santé publique, une ONG fondée par le CIDA, a pour vocation de distribuer des dons et d'aider à leur gestion dans le cadre d'une trentaine de projets sanitaires et d'immunisation. Elle parvient à se sortir correctement de ce partenariat entre ONG. Son prochain Atelier annuel aura d'ailleurs pour sujet le partenariat. Cette association allie une certaine quantité d'expériences et d'expertises tout en conservant les arrangements réduits et flexibles d'une ONG.
La concertation avec un grand nombre de personnes et d'organisations à toutes les étapes d'un projet de développement, de sa conception à sa mise en œuvre. Tous ces projets furent élaborés au cours de nombreuses réunions de consultation. Par exemple, au cours d'une suite de réunions de consultation impliquant des organisations internationales, nationales et locales, ainsi que des gens de toute la Zambie, fut peu à peu élaborée la notion de développement des ressources humaines comme instrument de spiritualisation. Le groupe réduit chargé de l'Institut permanent consulte régulièrement le Bureau directeur de la Fondation ainsi que le Conseil national baha'i. De plus, les congrès nationaux Bahá'ís annuels, au cours desquels se réunissent des délégués élus, venant de villages de toute la Zambie, prévoit toujours dans son agenda un temps de consultation sur les programmes de l'Institut et sur la manière de les améliorer.
NotesLes citations suivantes tirées des Écrits Bahá'ís ont profondément façonné les deux projets: "L'humanité a deux ailes, la masculine et la féminine. Un oiseau ne peut voler que si ses deux ailes sont également développées..." (Sélection des Écrits d'Abdu'l-Bahá, M.E.B. 1983, p. 302). "Aussi longtemps qu'on empêchera les femmes de se réaliser selon leurs compétences, les hommes resteront incapables d'atteindre la grandeur qui pourrait être la leur." (Causeries d'Abdu'l-Bahá à Paris, M.E.B. 197 1, p. 178)
Les organismes qui, jusqu'à aujourd'hui, ont aidé la Fondation William Mmutle Masetlha: le Ministère de l'agriculture de Zambie, le comité national d'enseignement Bahá'í de Zambie, l'agence internationale pour le développement de Suède (SIDA), l'agence internationale pour le développement du Canada (CIDA), l'association de la Santé publique canadienne (CPHA), l'assemblée spirituelle nationale des Bahá'ís du Canada, CARE, CUSA, la communauté baha'ie de Suède, l'agence internationale baha'ie pour la santé (BIHA), le service de développement international Bahá'í du Canada (CBIDS), la Fondation Ettehadieh, le Beit Trust et la Fondation pour une communauté mondiale. Le personnel nécessaire fut fourni par les Ministères de la Santé et du Développement communautaire de Zambie.